Dans notre chère ville, les places on connait : Saint Michel, Parlement, Simiot, Victoire etc.
L’esstranger en visite note avec plaisir le nombre important de places jalonnant notre cité, et le rôle de celles-ci dans l’organisation de la ville.
Ah, on croyait les connaître ces célèbres places bordelaises. On a fait la fête cet été Place Calixte Camelle, on s’est égaré dans les restos d’Ibères place Donnet, et on a même participé à la réalisation de l’épisode d’Echappées Belles consacré à la Garonne en rencontrant Jofo dans son atelier des Chartrons.
Dans notre base de données, il y a, et ce n’est pas rien, 112 places. Alors soyons clair, si on faisait le grand sondage de la notoriété des places, le tirage de ce 13 décembre serait loin, très loin dans le classement.
Place Lehu. Parfaitement ignorée. Doit pas y avoir d’open bars là bas… Obligés de prendre le plan de la ville afin de s’y rendre. Et là, reconnaissons-le, la consternation domine. La place est localisée dans notre pâté de maison favori, proche des voies Monneron et Wilson … affirmatif, ces artères passionnantes ayant nécessité pas mal d’imagination afin de divertir a minima nos fidèles passionnés.
La 40ème voirie, voirie de la sagesse ? Crise de la voirie ? Ayant appris à ne pas tendre l’oreille à nos a priori, on prend le chemin de la place assez sereinement.
Lors de notre trajet, les interrogations sont légion : la place porte-t-elle ce nom en hommage à ce petit village estonien ? A moins d’y voir la référence à ce célèbre enseignant en gestion ? En réalité le nom de la place viendrait simplement de notre cher idiome gascon « lo heu« , désignant ainsi ce petit ensemble de maisons devant prendre place à l’endroit même de notre place.
Jadis la place Lehu était prolongée par le Chemin Lehû (avec l’accent circonflexe), mais les circonstances de l’histoire virent la voirie prendre le nom de Charles C., politicien de son état.
Arrivés place Lehu, le terme de place semble assez exagéré. A vrai dire il s’agit en réalité de l’intersection de cinq branches n’ayant jamais été repérées par la DDE et donc ne connaissant pas cette joie bien française d’être réaménagée en rond point.
25 secondes après la visite de la place est terminée. L’esplanade a dévoilé ses secrets … A babord trois gratte-ciels s’élèvent. C’est le Parc Borghese, ensemble résidentiel n’étant pas, malgré sa localisation, à l’abri d’horribles faits divers. On décide alors de braver l’interdiction d’entrer dans le parc et avons alors l’occasion de croiser Pierre, homme avenant et jovial de soixante-dix ans environ, se promenant avec sa petite-fille. Pierre en est certain : la résidence date de 1976. Avant ? Comme c’est généralement le cas dans le coin, il y avait probablement des domaines dont les propriétaires n’entrent pas forcément dans l’histoire … reste simplement des arbres centenaires et des traces de l’enceinte.
A tribord de la place Lehu, on admire la RPA (Résidence Personnes Agées) portant le nom de l’ancien édile local, dernier maire de l’ancien village avant son rattachement comme district de la capitale girondine. Pas grand chose à signaler, si ce n’est la possibilité offerte à nos paisibles retraités de profiter de l’ « Espace Frais » : à retenir donc car, soyons en certain, cet endroit sera très intéressant en 2050.
La RPA et le Parc Borghese n’étant pas officiellement rattachés à la place Lehu revenons en détail à notre 40ème tirage. Maison de plain pied, le 1 place Lehu reste isolée, sans n°2, ni même n°3. Le postier n’a pas le droit de se tromper avec cette adresse totalement VIP !
On a hésité à raconter l’histoire de l’ancien atelier de fabrication de godasses localisé non loin, mais étant donné l’insistance d’Excel à choisir des voiries de ce pâté de maisons, on préfère être économe et garder cette anecdote dans l’hypothèse de notre prochain passage.
Et ô joie, ô chance, on dispose encore de notre botte secrète. A côté de la résidence Parc Borghese on apprend l’existence de la ferme landaise locale proposant divers mets à base de canards faisant frémir d’avance nos papilles. On ne citera pas son nom car, pas de bol, et malgré la préparation anticipée de phrases vantant l’art de vivre gascon, on doit garder notre lyrisme de côté. Le grignotage s’avère satisfaisant mais l’ambiance nettement moins : impression de déranger, interdiction de prendre des clichés de l’établissement … c’est dommage … Si certains sont affamés malgré cela, rappelons l’existence non loin de cette bonne adresse déjà explorée.
Voici arrivé le moment de mettre fin à l’année 2014 et à l’article n°40. Cet article est drôlement écrit, c’est vrai. Non, notre style ne disparaît pas tels les rayons de l’astre solaire en hiver… simplement en cette période de fête notre folie de fin d’année c’est de parodier le grand Georges Pérec. Comme il le fit avec la Disparition, on écrit ici l’article de la place Lehu, sans jamais (à l’exception des noms propres) avoir le loisir de l’écrire dans notre article … Mais si, c’est bien clair… cet article parlant en long, en large et en travers de la place Lehu ne se sert pas de U.
EN PRIME CE CLIN D’OEIL :
A lire également la version U-compatible de cette visite : http://bordeaux2066.com/2014/12/17/place-lehu/