Rue du Maréchal Joffre

Canicule sur le Sud Ouest ? Peu nous chaud (attention, jeu de mots inside), rien ne nous empêchera de mener à bien notre mission ! C’est plein d’entrain que nous mettons une nouvelle fois notre destin entre les mains d’Excel, et le logiciel choisit de nous envoyer cette fois ci vers une rue chargée d’Histoire(s), la rue du Marechal Joffre.

Commençons peut-être ici par le plus ancien. La rue n’a pas attendu les héros de la Grande Guerre pour exister. On retrouve des traces de cette voirie dès 1375, alors appelée rue du Puis-Viel-du-Far (c’est à dire rue Puits-vieux-du-Hâ) ou encore rue du Puy Crabey (Puy-Crabe) dit aussi puits des Minimes ou puis des Apôtres. Sur l’origine du puits en lui même nous n’avons rien trouvé mais par contre signalons qu’en 1634 une femme maltraitée par son mari s’y jeta de désespoir … c’est peut-être pour mieux détourner le regard de ce triste fait divers que la rue fut encore renommée à maintes reprises mais sans plus aucune mention du puits : rue des Minimes au XVIIè siècle, puis rue Guillaume Tell (en 1793, surement pour son apport décisif à la Révolution française) et enfin rue du Palais de justice jusqu’en 1918.

Car c’est là une autre spécificité de la rue : elle accueille sur toute sa façade impaire le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux et l’Ecole Nationale de la Magistrature. Ecole qui s’est installée dans les restes du fort du Hâ, autre lieu symbolique de l’histoire bordelaise. Comme nos lecteurs connaissent surement déjà le destin de ce fort depuis sa construction à la fin de la guerre de cent ans jusqu’à sa transformation en prison nous ne referons pas ici l’historique du lieu.

Fort du Hâ et pôle judiciaire

Fort du Hâ et pôle judiciaire

Ces préliminaires historiques étant faits, que trouve-t-on rue du Maréchal Joffre ? Même si la torpeur du mois d’août nous a empêché de voir le Palais de Justice grouillant d’activités, force est de constater que ce sont les plaques d’avocats qui ponctuent et décorent la rue, et que divorces, litiges commerciaux ou crimes et délits en tous genres bruissent derrière les façades blondes.

Nos discussions avec les commerçants locaux nous confirment bien qu’il s’agit de la première et la plus importante des clientèles sur place. A part les activités juridiques, l’autre élément structurant de la rue sont les restaurants avec pas moins de cinq adresses en quelques mètres, surement pour sustenter les magistrats, avocats et greffiers entre deux audiences (et puis pourquoi pas les prévenus qui ne sont pas conduits bon gré mal gré à Gradignan en panier à salades). Notre date de passage n’était malheureusement pas propice à un inventaire détaillé mais signalons toutefois la présence d’un des trois « Bistrot Régent » bordelais.

Le concept du restaurant est simple : reprenant le nom du mythique et « grand » Régent de la Place Gambetta (RIP), les « Bistrot Régent » proposent un menu unique avec trois plats possibles, une sauce qui imite celle, fameuse, de L’Entrecôte, des frites et de la salade à volonté, un prix plus que correct et une ouverture 365 jours sur 365. Tout cela en lieu et place d’une mythique brasserie bordelaise, la Concorde, dont le décorum a été préservé et avec un patron charismatique : Marc Vanhove, entrepreneur avisé et ancien candidat aux élections municipales bordelaises de 2008, recueillant 1,48% des suffrages exprimés (soit tout de même 1201 voix). Nous avons d’ailleurs pu constater que Marc Vanhove est un patron impliqué, puisqu’il a débarqué pendant notre visite pour superviser le service, constitué de zéro couvert à ce moment là de la soirée.

Le cuistot du Bistrot Régent, anciennement la concorde

Le cuistot du Bistrot Régent, anciennement la concorde

A part cela signalons également l’arrivée toute récente d’un jeune pharmacien à qui nous souhaitons bonne chance pour soigner les hémorroïdes du Siège et autres gueules de bois du Parquet, et la présence d’une librairie catholique qui ne nous réserva pas un accueil très charitable mais vu que le secteur est en crise on les pardonne pour ce coup de froid.

Fraîcheur toujours, la rue dispose aussi du seul et unique restaurant franco-danois de la ville, voire de la région. L’accueil y est très chaleureux et la nourriture vraiment excellente ! Amateurs de hareng, de saumon et de pain maison n’hésitez pas.

God morgen !  Hvordan har du det ?

God morgen ! Hvordan har du det ?

La rue se prolonge paisiblement entre restaurants et belles façades, jusqu’à terminer sa route sur la place Pey Berland, entre l’hôtel de Ville et la cathédrale. C’est justement à cet angle, au Bistro du Musée, que nous terminons notre visite autour d’une bière et de petites olives, sous les flèches de la cathédrale. Le demi de (832 X 2) est à 3,70€, prix qui serait considéré comme prohibitif si nous n’étions pas sur un véritable site « carte postale » de Bordeaux. Pas de bruit, pas d’agitation près de la Mairie ou de la fac de droit, tout est calme, très calme, trop calme dans ce qui est habituellement un centre névralgique. Il faut se rendre à l’évidence : nous devons imiter ce groupe de touristes nordiques qui passe devant nous, et aller parcourir le vaste monde. Promis on revient en forme à la fin du mois et puis ne vous inquiétez pas, les rues d’ailleurs ne vaudront pas celles d’ici ! Adishatz les amis et bon été à tous.

La rue du Maréchal Joffre une belle vue sur la cathédrale

La rue du Maréchal Joffre une belle vue sur la cathédrale